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MA MÈRE A TOUT ESSAYÉ de Jean-Luc Benguigui

Je viens d’achever la lecture de « Ma mère a tout essayé » de J-Luc Benguigui. On découvre ici une introspection répétitive sur un sujet bien singulier que l’énurésie. L’auteur a osé aborder et brosser finement, avec beaucoup de profondeur, de richesse et d’humour parfois, un tracas au départ assez commun chez des petits enfants mais qui peut aller jusqu’à l’handicap à l’âge adulte. On s’attache rapidement au personnage principal qui n’éprouve aucune honte, aucun complexe d’infériorité, aucun tabou à décrire son énurésie. On admire la quête lancinante de sa mère à trouver la solution la moins invasive, la plus douce et la mieux adaptée à son enfant. La force d’amour de cette femme, les soins constants qu’elle lui prodigue sans jamais le rabaisser, donnent à cet enfant un sentiment inouï de normalité. Cette écriture d’une intimité forte ou dérangeante par moment nous amène à comprendre comment cette mère préserve par un amour incommensurable son fils des processus destructeurs de l’anormalité, de ceux-là qui engendrent les complexes, les sentiments écrasants d’être différents. On sent le personnage très à l’aise avec son énurésie, au point de la commenter, de l’analyser avec complaisance et légèreté le plus souvent. J’ai aimé le rythme des chapitres qui débutent tous avec cette même phrase : « Ma mère a tout essayé… ». J’ai apprécié cette relance qui nous raccroche à ce huis clos entre les trois acteurs, l’enfant, la mère et l’énurésie. En filigrane on devine le poids immatériel de ce père absent, idéalisé, imaginé au travers de l’amour fusionnel de ses parents. Amour qui se prolonge par delà la mort et qui conforte l’enfant et l’homme d’être le fruit d’un coup de foudre, d’une jouissance inégalée. Ce livre pourrait être conjugué avec une toute autre « maladie », le bégaiement, le syndrome de Gilles de La Tourette, les tics, les Tocs…Il nous amène à être plus tolérants, bienveillants et surtout à changer en amour notre regard sur ce qui nous peut nous apparaître invalidant chez les autres.

Marie-Hélène

 



 
© Editions La Cause du Poulailler.